Présenter un travail à un public représente
un moment fort, une halte nécessaire, une confrontation au
regard de l’autre.
Sur le thème de la musique, la plupart des travaux ont
tenté d’exprimer la vibration, ténue, aigue,
violente, grave d’un espace musical s’égrenant
au delà des limites qui lui étaient attribuées
ou contenues dans un espace plus intime.
Les notes conjuguées en mille touches plus ou moins appuyées
s’envolent ou se trouvent retenues espérant laisser
au lecteur un space rêve, pictural, musical, sous une écriture
particulière.
Tu n’es jamais là ou on t’attend >telle
a été cette belle réflexion d’ami.
C’est vrai les thèmes se suivent, toujours à
la recherche de la fusion dans un instant sacré, mais les
modes d’expressions diffèrent.
Continuer à chercher, ne m’imposer aucun schéma,
jouer de tous matériaux au gré de ma fantaisie constitue
pour moi le plus beau privilège.
Odile Alexandre
Rousselet
15 juin 2005

Décide-t-on vraiment de son orientation ?
Quel lien, du mystère de la naissance au point final de notre
vie,
écrit notre petite histoire, si particulière à
chacun,
et en même temps, noyée, mêlée aux divergences,
aux similitudes culturelles, ethniques de notre monde.
Ce fil mystérieux, relié à
toutes mythologies,
est à la fois notre mémoire ancestrale,
notre chemin journalier et notre devenir.
Il se déroule à notre insu, au fil du temps ;
enfiler, défiler, effiler, retrouver ou perdre le fil,
aérien, statique, plastique, il constitue tous les éléments
de notre vie,
nous permettant de traduire sous toutes formes :
physiques, verbales, intellectuelles, tous les sens à notre
connaissance.
Visible ou invisible, palpable ou impalpable,
tel un funambule
nous le chevauchons, livrés à l'incertitude ;
à la certitude qu'en ce fil réside le miraculeux instinct
de vie.
Odile Alexandre Rousselet
le 25 avril 2002.

Trente années partagées
avec l'Afrique transforment à votre insu vos sens et éduquent
à un nouveau regard, une nouvelle écoute.
Les valeurs symboliques, si intimement
liées à la vie courante, dans un système culturel
basé exclusivement sur l'oralité, interpellent à
un état d'esprit autre, à une relation nouvelle entre
les êtres et les choses, transformant étonnamment l'inspiration.
Tenter d'entrer au coeur des
phénomènes et d'essayer d'en exprimer leurs corrélations
secrètes, permet de se familiariser, de se renouveler.
Sans y prendre gare, ces esprits
tutélaires deviennent nourriciers d'une façon d'exprimer
un espace, son espace, réceptacle d'aspirations entre l'imaginaire
et le réel.
Odile Rousselet, 2 novembre
1996

LE LIEN
« Lumières
d'Afrique » portaient en elles l’exubérance
et la fascination tant dans les matériaux que dans l’essence
même de ses thèmes qui sont au travers d’un monde
à la recherche, source d’espoir et de croyances diversifiées.
A la recherche de l’autre
on se retrouve inévitablement, il n’y a qu’un
pas pour comprendre la charge portée à un objet (adoration
des fétiches, ex voto, statues, signes symboliques, etc.
) porteur de mémoires ancestrales.
L'objet devient culte et se trouve
doté d'une puissance surnaturelle engendrant tout un processus
de rites visant à extraire l'individu de sa condition.
Notre mémoire fertilisée
par l’imagination nous donne constamment une approche aux
objets qui varie suivant notre conditionnement à l’instant
même ou nous leur sommes confrontés.
Il s’établit alors
un appel à notre intime personnalité, semblable à
la réceptivité d’un individu provoquant nos
réactions.
C’est ainsi que naturellement
je suis revenue à l’objet.
La mixité des matériaux ayant déjà
leur propre histoire m’a permis d’établir un
dialogue, m’évadant du format plan, me laissant apprendre
à formuler le lien entre les choses et les êtres, lien
tissé au fil du temps.
Odile Rousselet, 27 mars
1995

Bien qu’étant de
formation céramiste, j’ai dans le même temps
travaillé d’autres matériaux.
Le textile faisait partie de
mes recherches. A la suite de réalisations de peintures,
notamment des cartons sur la série intitulée «
Lumières d'Afrique », la transcription
en textile paraissait être un merveilleux support vibrant
au thème développé.
Je m’installais alors dans
de grandes dimensions couvrant les murs de taches colorées.
Progressivement se décident les interférences entraînant
un changement.
Un apport de cordes dans la réalisation
des tapisseries impose un rappel de bois qui se trouvera doté
de trous pour entrer en fonctionnement. Le bois prendra de plus
en plus d’importance jusqu’à laisser une place
infime à la tapisserie.
De la tapisserie, support
du bois, le bois devient support de la tapisserie.
Les objets naissent plus sculpturaux
: un dialogue s’installe entre le fil et le bois, du bois
résistant, les blessures sont agressives, même si le
résultat peut être très doux.
Le fil par contre chevauche,
enrobe, enroule.D’une sensualité extrême, ce
matériau doué d’une grande finesse, relié
à toute mythologie permet une écriture infinie. «
Il rejoint mon plaisir tactile de céramiste. »
La mixité des matériaux
apaise mon ambivalence tout en lui permettant de s’exprimer.
« mon coté monacal et ma folie y trouvent leur
compte.je ne m’impose aucun schéma : je fais, découle
d’elle-même l’orientation. »
Odile Rousselet, 6 avril
1996

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